En couverture, les trois peintures avant leur retour à Montreux. Elles sont dans des états de séchage différents, et c’est sur la plus grande que je continue à travailler en atelier.
C’est aussi celle-là qui est présentée dans son second état sur la photo ci-dessous
apprentissages
Au début du printemps j’avais ré-enduit pour la première fois deux tableaux d’occasion pour les utiliser comme supports pour de nouvelles peintures.
Cette démarche est intéressante notamment pour la part de surprise que réserve cette manière de travailler.
Au delà des questions qui se posent forcément lorsque l’on décide de s’approprier le travail d’autrui pour en faire le support du sien, une toile recyclée n’est jamais un support vierge ! Les repentirs cachés sur la peinture précédente peuvent réapparaitre sous forme de reliefs intempestifs, de rides sillonnant la toile, ou encore de zones impossible à recouvrir ; la toile peut être fragilisée, se détendre ou alors être à deux doigts de craquer, parfois c’est le châssis qui se déglingue…
Je ne sais jamais ce qui va apparaître lorsque je choisis une telle toile en brocante.
Pour corser encore un peu le jeu, les formats de ces toiles à recycler sont indépendants de ma volonté, et le seul choix qui me reste en la matière, c’est de tenter de les harmoniser entre eux au moment de l’achat.
Ici, après 4 ou 5 couches de plâtre encollé avec de la dispersion pour opacifier, j’ai posé une première couche de couleur sur les grandes zones et sur les repentirs les plus flagrants qui subsistent sur la toile. Cette image qui n’en est pas une changera radicalement par la suite, et aujourd’hui elle n’est pas encore au bout de ses transformations
Venant du dessin, je me suis mise très progressivement à la peinture alors que je redéfinissais entièrement mon vocabulaire artistique (j’en parle ici dans un texte datant de 2012) et j’ai tout à apprendre. Les toiles recyclées me permettent de me livrer sans trop de remords à toutes les expérimentations techniques qui me passent par la tête. Cela peut aller de l’usage des poudres ( la rousse ) à la redécouverte de la peinture à l’huile !
Au début de mon séjour, j’ai fait un tour en recyclerie, et j’ai trouvé trois toiles que j’ai utilisées pendant ma résidence. Je me suis permise de tester de nouvelles manières de travailler avec des pigments, jouant avec les accidents de mes supports et avec les compositions de mes mélanges, pâtes et jus.
Ces trois toiles à recycler ont servi de supports à mes premières tentatives, parfois très accidentelles, parfois beaucoup plus maitrisées. Elles ont fonctionné comme des respirations, des césures bienvenues au cours de mon travail graphique sur la mémoire des pierres.
Processus de séchage. La peinture de gauche a été victime d’un coup de vent alors que je travaillais dehors. Un bol d’huile s’est renversé sur une partie de sa surface, et j’ai « modulé l’accident » pour accentuer reliefs et reflets de la sphère peinte.
Ici la brillance de l’huile est encore très présente. Elle va s’atténuer au cours du processus de séchage.
La peinture noire est à sa première couche. Les zones colorées de l’image d’origine sont encore reconnaisables.
Je parviendra à opacifier les couches suivantes, jusqu’à obtenir un « vrai noir » avec ses propres lumières.
Je suis encore au travail sur la troisième peinture, sur laquelle je teste des mariages de techniques. Elle commence à me plaire, mais je pense qu’elle n’a pas encore fini de changer d’aspect !
J’avais posé cette peinture contre le mur pour la laisser sécher, et c’est le tuyau d’eau chaude qui passait « presque au milieu de sa surface », « presque horizontalement », qui m’a amenée à dessiner au fusain cette longue pointe qui semble traverser la sphère. Un accident de nature différente, mais dont j’ai adoré tirer parti !
Ici les couleurs de la pièce sont fidèles à son état actuel, en tenant compte de l’ambiance un peu ombrée de la photo