Mon parcours pourrait être divisé en trois périodes. Dans un tel classement, la première période se caractériserait par l’intense activité de recherche artistique et de diffusion de mon travail suivant mes années d’études à la HEAD (ESAV) de Genève.
Tout tourne autour de l’espace, que je dessine avec des fils de métal dans des sculptures très aériennes, ou que j’explore dans des installations souvent assez acrobatiques. Je voyage, je découvre, j’expose en solo et en collectives, en Suisse et à l’étranger, j’obtiens bourses et distinctions, je suis invitée en résidence … Mon travail artistique est ma priorité absolue.
La seconde période va se prolonger longtemps. Elle commence par un accident
de la route qui m’amène brutalement à reconsidérer plusieurs de mes choix de vie.
Atteinte dans mon intégrité physique, je ne peux plus utiliser mon corps comme un instrument avec lequel questionner les lois de l’équilibre.
Je suis vivante, et mon corps se répare, mais il me faut réinventer un vocabulaire pour évoquer la présence à l’espace et au temps, et je peine à me redéfinir à travers les nouvelles contraintes qui me sont imposées. Je dessine pour me sentir vivre, mais cela ne nourrit qu’en partie ma relation au monde. Et puis en 2008, je monte l’exposition «l’Art chez les Voisins», qui se déroule dans les espaces communs d’un immeuble d’habitation à Genève, sollicitant autant les contributions des habitants des lieux que celles des artistes qui ont choisi d’y participer.
Peu à peu, j’en viens à considérer ce projet comme une réalisation artistique
à part entière ; et je commence à me sentir revivre.
Je me mets à explorer les possibilités du traitement de l’image … Je retrouve le goût de questionner mon environnement ; et tout en mettant à profit les bases techniques apprises pendant mes études, j’apprivoise lentement les nouveaux médias qui s’offrent à moi.
Je ne sculpte plus l’espace, je ne danse plus avec les matériaux ; mais la vidéo, dont j’aime à dire que je travaille les images comme des peintures, me permet d’apprivoiser le mouvement, de me situer dans l’espace, de travailler les sons …
La photo devient carnet de notes avant d’être estampe numérique. L’image souvent hybride devient montrable à mesure que je commence à me libérer des contraintes techniques fondamentales.
Soutenue par le dessin qui reprend tranquillement son rôle moteur dans mes recherches ; je retrouve le bonheur de pouvoir raconter mon monde et d’y inviter les gens. Mon vocabulaire se redéfinit, de nombreux récits sont en devenir ; mais je peux à nouveau parler ! Je montre peu. 15 ans d’éclipse m’ont ramenée à l’état d’inconnue.Ce n’est pas le plus important ! Ce qui m’importe, c’est de trouver des occasions de faire, et d’offrir à partager ce que je fais … A mon rythme qui, avec le temps, redevient adapté à mon âge. Je vous invite à parcourir ce site, en espérant que les histoires qu’il esquisse vous donneront envie de me suivre.
Vevey, printemps 2012

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