ça valait bien une photo

Un début de soirée, en début février.
Je suspends au mur de l’atelier une peinture dont j’ai réussi à aplanir la surface. C’était une tentative issue d’un oubli dans les proportions d’un mélange à enduire, je n’osais pas vraiment trop y croire.
Un grand peintre contemporain dit qu’il aime expérimenter, aboutir à quelque chose ou se tromper; puis tirer parti de ses expériences pour avancer. Son travail, l’oeuvre d’une vie est la signature de cette attitude. Cette maxime me porte. Elle m’autorise à prendre le temps qu’il faut, à chercher; à hésiter, à emprunter la bonne voie, ou bien celle juste à côté… Rechercher plutôt que produire. C’est plus qu’ inspirant pour moi qui bidouille et grenouille sur des supports «non-répertoriés» avec des couleurs «inattendues» travaillées de manière «expérimentale».
Je viens de retirer les poids, de constater que ma surface a séché, et de l’accrocher à deux pinces contre mon mur. Il y a là mes deux dernières images, celles réalisées justement sur un fond «inédit», surprenant et porteur de nouvelles possibilités. Il y a aussi une série de peintures que j’ai montées récemment sur des châssis home-made épais, et qui tiennent debout presque toutes seules. Et puis tout près du sol, guigne un petit dessin à l’encre. Une pochade-en-petit-format que j’ai collée sur la plinthe au printemps dernier, et qui finalement va si bien là qu’elle y est encore…
Je jette un coup d’oeil presque distrait depuis l’escalier.
Et tout ça est là. Dans un équilibre involontaire de formes, de masses et de couleurs.
Coup de bol!
Ca valait bien une photo.
Même une photo de téléphone!