Poudres de pierres et terres moulues
Je n’ai pas présenté mes recherches par ici depuis plusieurs mois. Un moment de vie compliqué m’ayant empêchée de travailler comme je l’aurais voulu.
J’ai toutefois avancé dans mon travail d’apprivoisement des pierres, et si je n’ai pas encore produit de « véritable pièce », je trouve les résultats de mes essais plutôt prometteurs.
J’ai d’abord travaillé à partir d’une pierre calcaire blanche, assez friable. Moulue au mortier, elle m’a donné une poudre dense, lourde et légère à la fois, compacte et d’un très beau blanc tirant sur l’ivoire. Avec elle, j’ai cherché comment déposer sur la toile cette matière nouvelle et inconnue.
Pour commencer, je l’ai saupoudrée sur une base fraiche et collante, puis j’ai travaillé au couteau une masse préparée comme je prépare mes couleurs aux pigments. Plus ou moins compacte, plus ou moins diluée, j’ai testé le pouvoir d’attachement sur la toile de cette nouvelle matière, cette »couleur en devenir ».
Pour que tout cela ne soit pas trop monotone, j’ai soufflé ici et là un bleu liquide qui teinte désormais quelques traits et surfaces de ce premier essai.




Par la suite j’ai repris le mélange qui me satisfaisait le plus, et l’ai appliqué cette fois sur un fond peint au noir de charbon. Ici j’ai créé comme des veines à l’encre pure, puis j’ai tenté la couleur. Il m’a fallu longtemps pour trouver acceptable cette ligne de couleurs aux pigments rehaussés de pastel et de fusain ! Longtemps je m’en suis voulue d’avoir saboté cette seconde « pièce d’essai » avec cette ligne incongrue surgie de dieu sait où dans ma peinture…
C’est peu à peu que j’ai réalisé que ce travail portait les réminiscences de ma récente visite à la reconstitution de la grotte Chauvet, qui m’a beaucoup impressionnée (autant par le travail de reconstitution qui donne aux visiteurs la possibilité d’admirer grandeur 1×1 le travail incroyable des peintres pariétaux, que par la puissance des images réalisées à la lueur de quelques torches au plus profond de la falaise ).




Nous venons de passer la mi-août. Sous la chaleur écrasante, j’ai moulu quelques terres et pierres ramassées cet été, et je cherche leurs couleurs, comme de nouveaux pigments lourds et granuleux qui viendront enrichir ma palette.
Je suis dans le domaine de la projection, dans un monde encore peu connu, avec des matières que je vais devoir travailler différemment de mes couleurs aux pigments. De nouvelles portes s’entrouvrent, j’ai bien une idée de ce que je veux réaliser avec ces poudres, mais j’en suis aux balbutiements, et cette recherche m’enchante …
…. Même si ce n’est pas très productif !




