La traversée entre Chêne et Malley…
Je vis dans un quartier fascinant ! Le quartier de Malley, emblématique de ces périphéries oubliées aux confins de plusieurs communes : lieu de passage mais pas d’escale, patchwork improbable de friches industrielles, grands immeubles locatifs, petites maisons individuelles, déchetterie, hard discounters et (trop rares) petits commerces.
Pas de centre, pas de place publique, pas de lieu de convivialité, juste une juxtaposition d’espaces et d’usagers transitant, habitant ou travaillant.[…]»
Ce printemps nous avons choisi le quartier et la friche industrielle de Malley
Katalin connait Malley bien mieux que moi. Quand elle séjourne à Lausanne, elle y travaille au sein de l’Atelier6, un espace collectif de création abrité par un bâtiment en sursis au bord de la voie ferrée. Elle a provoqué ma rencontre avec les occupants des lieux, qui m’ont invitée à présenter mon travail lors des Aperti 2016.
C’est elle qui a donné la direction première à notre balade de mars, avant que je ne commence à me faufiler dans les interstices, et que nous nous perdions pour mieux nous retrouver au coin d’un jardin, dans un escalier, au pied d’un immeuble ou dans un terrain vague.
Notre Balade à Malley
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Parties de l’Atelier6, en bordure des voies de chemin de fer qu’empruntent les rapides partant de Lausanne en direction de Genève, nous nous sommes d’abord dirigées vers Renens et avons fait une première halte aux jardins familiaux.Louvoyant de ruelles en passages, d’escaliers en pelouses et d’entrepôts en terrains plus ou moins vagues, nous avons rejoint les voies de chemin de fer qui, bien qu’utilisées par la voirie, semblent laissées à l’abandon. Nous avons erré entre des aiguillages envahis d’herbes folles, découvert un étang dont les roseaux ondulaient au dessus des socles d’anciens réservoirs à mazout, parcouru des cours encombrées de poubelles…
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Puis nous sommes redescendues – direction lac – vers le théâtre Kleber-Méleau que nous avons longé par l’arrière, à proximité du vieux réservoir à gaz. Poursuivant notre chemin, nous sommes arrivées à l’emplacement des anciens abattoirs, et avons terminé notre balade à la station du métro.
Nous avons avancé, puis reculé; nous nous sommes engagées dans des passages et avons rebroussé chemin, nous avons recherché les détours qui nous offriraient les points de vue les plus dignes d’intérêt…
Nous avons découvert des commerces et des ateliers insoupçonnés de nous qui ne vivons pas dans ce quartier; marché à l’ombre de bâtiments récents préfigurant l’aspect futur de ce territoire, longé des chantiers annonciateurs d’une métamorphose à mes yeux quelque peu discutable…
Et pendant tout le trajet, nous avons photographié. Capturant des détails, des images attendues ou plus mystérieuses, des tableaux évocateurs d’une vie; d’histoires et de scènes dont nous étions spectatrices passagères.
De notre parcours, de cet après-midi, nous avons tiré une carte jalonnée par nos clichés
Voyageuse aux multiples ports d’attache, Katalin évoque pour légender ses images un sentiment de non-appartenance qui bascule lorsqu’elle s’installe à l’Atelier6.
Elle parle ici d’expérience; je laisse à d’autres le soin de raconter mes images.
Alors que Katalin se concentrait sur son texte, j’ai choisi pour ma part une cinquantaine d’images. Par groupes de 5, je les ai envoyées à des amis plus ou moins lointains, qui, pour la plupart, ne connaissaient pas les lieux. Je leur ai demandé de légender mes photos, puis j’ai placé clichés et légendes sur la carte, là où j’avais fait mes prises de vue.
Sur la carte terminée, mes photos portent les noms des personnes qui se sont prêtées au jeu, suivis des légendes dont elles m’ont fait cadeau. Artistes visuels, musiciens, écrivains, amis proches ou lointains et membres de ma famille, ils ont contribué à créer cette balade mi réelle, mi imaginaire à travers un quartier riche de surprises; et une friche industrielle en sursis.